
L’Observatoire de la Vue des enfants en France
KRYS GROUP publie chaque année les résultats de son enquête* intitulée « L’Observatoire de la Vue des enfants », réalisée auprès d’un échantillon de 1 000 parents d’enfants âgés de 3 à 10 ans. Cet échantillon, constitué par tirage aléatoire dans la base des panélistes éligibles pour l’étude, est interrogé sur internet via l’Access Panel Online d’Ipsos. Cette enquête de grande ampleur offre une vue d’ensemble de la santé visuelle générale des enfants en France ainsi qu’un focus particulier sur la myopie.
Les troubles de la réfraction sont courants au cours de la première décennie de vie, affectant 20 % des enfants français et peuvent entraîner des problèmes d’acuité visuelle (1). Parmi ces troubles, la myopie, en forte progression, est la plus répandue tant en France qu’à l’échelle mondiale, ce qui en fait un enjeu majeur de santé publique (2, 3). Un point que confirme l’étude car, en effet, 48 % des parents d’enfants âgés de 3 à 10 ans déclarent que leur enfant est concerné par au moins un problème de vue. C’est 7 points de plus qu’en 2023. La myopie (22 %, + 3 points) et l’astigmatisme (21 %, + 4 points) sont les pathologies oculaires les plus prévalentes.


Les périodes clés de dépistage bien connues des parents
Face à ce constat, le dépistage et la recherche des troubles visuels chez les enfants apparaissent d’une importance capitale (1). Tout signe d’appel (rougeur et picotements oculaires, clignements et plissement des paupières, lecture trop rapprochée et fatigabilité, confusion de lettres, céphalées, vision floue de loin…), particulièrement chez les enfants à risque (notion de prématurité, faible poids de naissance, troubles neuromoteurs, antécédents familiaux de strabisme ou de troubles de la réfraction…), impose un contrôle (1).
Le médecin traitant doit, par ailleurs, effectuer des tests de dépistage simples, adaptés à chaque période de développement : dans les premières semaines de vie (réflexe photomoteur, lueur pupillaire, reflets cornéens), à 4 mois (fixation et poursuite oculaire), de 9 à 15 mois (occlusion alternée, signe de la toupie, tests stéréoscopiques), après 2 ans et demi (mesure de l’acuité visuelle de près et de loin), vers 5 ans (acuité visuelle), vers 5 et 6 ans (test de vision des couleurs) et à tout âge (examen externe de l’œil) (1). Cette obligation semble bien connue des parents puisque plus d’un parent sur deux déclare connaître les âges auxquels il est recommandé de réaliser un examen de suivi de la vision pour leurs enfants, une proportion en hausse depuis 2018. Les parents de moins de 35 ans et ceux qui ont un enfant concerné par un problème de vue font état d’une bien meilleure connaissance.

Cependant, bien que les contrôles de la vue après l’âge de 2 ans soient en augmentation, ceux effectués avant cet âge restent faibles. Pourtant, ces contrôles visuels, réalisés dès les premiers mois de vie, permettent de détecter très tôt les troubles visuels, notamment la myopie, dont la prévalence varie entre 2 % et 10 % chez les nouveau-nés à terme (1, 4).

Des parents mieux informés sur les facteurs environnementaux pouvant favoriser ou aggraver une myopie, excepté en ce qui concerne les écrans
Les facteurs environnementaux tels que le travail intensif de près, une faible exposition à la lumière naturelle et les activités prolongées sollicitant la vision de près sous lumière artificielle ont été associés à l’apparition et à la progression de la myopie (5, 6). Ainsi, passer plus de temps en extérieur à la lumière du jour, réduire le temps consacré aux activités de près et, en particulier, le temps passé devant les écrans constituent des mesures simples et efficaces pour prévenir l’apparition de la myopie ou ralentir son évolution (3, 7). Bien qu’en progression, moins d’un parent sur deux se déclare bien informé sur ces facteurs. De même, seuls 43 % des parents se déclarent informés sur les risques de la myopie forte de l’enfant sur la santé oculaire à l’âge adulte.

Le temps que les enfants passent devant les écrans (télévision, tablettes, smartphones et consoles de jeux vidéo) est en augmentation ces dernières années (5, 6) et les enfants ayant des problèmes de vue, tels que la myopie, s’avèrent être de plus gros consommateurs selon les résultats de l’observatoire.
Malheureusement, la connaissance des parents sur les recommandations pour limiter les effets négatifs des écrans sur la vue des enfants n’a pas progressé depuis 2019.

Les dispositifs de freination de la myopie connus surtout des parents d’enfants myopesa. Les lentilles de contact souples multifocales (4,5)
En plus des actions environnementales précitées, il existe aujourd’hui des dispositifs optiques et médicamenteux ayant montré une efficacité pour ralentir la progression de la myopie chez les enfants : les verres freinateurs, les lentilles rigides à porter la nuit (orthokératologie), les lentilles freinatrices de jour et le collyre à base d’atropine microdosée (3, 7). Les parents d’enfants myopes ont une bien meilleure connaissance de ces solutions, tandis qu’elles restent largement méconnues des autres parents.

Sans prise en charge, la myopie peut évoluer vers une myopie forte, associée à des complications parfois graves pouvant aller jusqu’à la malvoyance, voire la cécité (8, 9) comme un décollement de rétine, une cataracte, un glaucome, des corps flottants, un épaississement de la rétine et des atteintes maculaires (8, 9). Il est donc crucial que les parents d’enfants myopes soient bien informés des risques et consultent régulièrement un ophtalmologiste pour prévenir et traiter rapidement toute complication, afin de préserver la vision de leurs enfants (8, 9).
* Enquête réalisée du 31 mai au 14 juin 2024.
Références
- Santé.gouv.fr. Dépistage des troubles visuels chez l’enfant [en ligne]. [Consulté le 13/03/2025]. Disponible à l’adresse : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/Depistage_des_troubles_visuels_chez_l_enfant.pdf
- Ensemble contre la Myopie. Myopie, astigmatisme, hypermétropie et presbytie [en ligne]. [Consulté le 17/03/2025]. Disponible à l’adresse : https://ensemblecontrelamyopie.fr/myopie-astigmatisme-hypermetropie-et-presbytie/
- Bremond-Gignac D. Myopie de l’enfant. Med Sci. 2020;36(8‑9):763‑8.
- Société française d’ophtalmologie (SFO). Les myopies [en ligne]. [Consulté le 14/03/2025]. Disponible à l’adresse : https://www.em-consulte.com/em/SFO/H2019/sforender/B9782294761331500344.html#:~:text=Chez%20les%20nouveau%2Dn%C3%A9s%20%C3%A0,favorisant%20ce%20type%20de%20myopie
- Ensemble contre la myopie. Les facteurs de risque de la myopie [en ligne]. [Consulté le 14/03/2025]. Disponible à l’adresse : https://ensemblecontrelamyopie.fr/les-facteurs-de-risque/
- Wong CW, Tsai A, Jonas JB et al. Digital screen time during the COVID-19 pandemic: risk for a further myopia boom? Am J Ophthalmol. 2021;223:333‑7.
- Ensemble contre la Myopie. L’essentiel à savoir sur la freination de la myopie [en ligne]. [Consulté le 14/03/2025]. Disponible à l’adresse : https://ensemblecontrelamyopie.fr/agir-contre-la-myopie/la-freination-de-la-myopie/lessentiel-a-savoir-sur-la-freination-de-la-myopie/
- Ensemble contre la Myopie. L’évolution et les complications de la myopie [en ligne]. [Consulté le 14/03/2025]. Disponible à l’adresse : https://ensemblecontrelamyopie.fr/levolution-et-les-complications-de-la-myopie/
- Bremond-Gignac D. Myopie évolutive de l’enfant. Revue Francophone d’Orthoptie. 2022;15(1):11‑4.